Vantant un meilleur partage des bénéfices avec les géants de l’Internet, les grands éditeurs de presse menacent la pluralité de l’information estime, dans une tribune au « Monde », Carlos Astiz, représentant de petits médias.
Par Carlos Astiz et Carlos Astiz (Président et porte-parole de European Innovative Media Publishers et directeur général de l’Asociacion Española de Editoriales de Pub…
Il est décevant de voir les plus grandes agences de presse d’Europe soutenir une campagne malencontreuse pour le « droit voisin » (« En matière d’information la gratuité est un mythe », Le Monde du 13 décembre). Qu’ils le fassent au détriment des petits éditeurs indépendants, des créateurs de contenu et des journalistes en Europe est particulièrement troublant.
Leur objectif déclaré est de résoudre les problèmes auxquels est confrontée l’industrie de l’édition en ciblant les grandes plates-formes en ligne comme Google et Facebook. Le « droit voisin » permettrait aux grands éditeurs européens, disent-ils, d’encaisser plus d’argent. Mais même si cela était le cas, ce serait au détriment des plus petits.
Car ce « droit » empêchera la création de liens et le partage de contenus. C’est une tentative des journaux traditionnels, qui n’ont pas actualisé leur modèle économique face à l’ère numérique, de ralentir le développement de modèles économiques alternatifs et innovants. En forçant les lecteurs à visiter leurs sites plutôt qu’à partager des liens, les grands journaux pensent augmenter leurs bénéfices. Or créer des liens hypertextes et partager du contenu sont une composante fondamentale d’Internet, qui permet aux petits éditeurs de générer un plus large lectorat.
Dans leur plaidoyer, les PDG de ces sociétés ont déclaré que « les quelques tentatives conduites en 2013 et 2014 par l’industrie des médias en Espagne, en Allemagne, en France, pour faire payer, au-delà de quelques miettes symboliques, les géants de l’Internet n’ont pas changé fondamentalement la donne ». En effet, le droit voisin n’a pas porté ses fruits. Pire encore, il a entraîné une diminution considérable du trafic en ligne. Les publications espagnoles ont enregistré à elles seules une baisse de 8 à 15 % de leur audience. Les petites publications ne peuvent survivre à ce type de dégâts.